Les Grades en Aïkido
Le système des grades appliqué aux BUDOS que nous connaissons (comme le JUDO et le KENDO) est d'origine relativement récente (début du XXème siècle) et d'essence et signification très différentes des systèmes de grades appliqués dans les écoles traditionnelles, fondés sur la délivrance de certificats de transmission des connaissances et d'autorisation d'enseignement (système dit «MENKYO»).
Il existe différentes pratiques pour l'attribution des grades en Aïkido de par le monde, suivant les écoles, la politique suivie par les maîtres, etc. On se contentera ici de décrire la situation applicable à la France, où la pratique de l'Aïkido est organisée par des fédérations reconnues par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. Il est bon toutefois de rappeler que l'Aïkido est une discipline sans compétition, et que l'attribution des grades, souhaitée par son fondateur, Me Morihei UESHIBA, répondait à la nécessité d'une plus grande diffusion par ses premiers élèves qui devaient pouvoir se prévaloir de titres dans une société très hiérarchisée où la place de l'individu dépend en bonne partie de ses titres.
L'Aïkido visant à une (trans-)formation complète du pratiquant, la recherche de l'acquisition de grades sur des bases d'examens purement techniques est secondaire, et doit le rester pour le pratiquant. Les grades sanctionnent une progression d'ensemble et leur préparation fournit l'occasion d'une synthèse du travail, de la recherche accomplis, en même temps que leur passage peut être vécu symboliquement comme un facteur supplémentaire de progression vers de nouvelles directions.
Traditionnellement, la plupart des professeurs organisent au sein de leur Dojo, sur une base annuelle ou pluri-annuelle, des examens de passage de grades, comportant six degrés, de la «ceinture blanche» (Mu-Kyu) à la «ceinture marron» (1er Kyu). Les examens formels impliquent la mise en situation du pratiquant face à un ou plusieurs attaquants et explorent ses connaissances techniques aussi bien que son comportement général (attention, précision, concentration, contrôle de la posture, placement et harmonisation avec le partenaire, respiration, etc.). Au niveau de 1er Kyu, le pratiquant doit connaître l'ensemble des techniques de base les plus courantes, et avoir assimilé les quelques principes fondamentaux qui régissent les mouvements d'Aïkido. C'est généralement parvenu à ce stade que l'enseignant l'autorisera, avec ou sans passage d'un examen formel, le port du Hakama (jupe-culotte traditionnelle de couleur noire ou bleue). La plupart du temps, on ne distingue pas les pratiquants par des ceintures de couleur entre Mu-Kyu et 1er Kyu, à la différence de ce qui se pratique par exemple dans le Judo ou d'autres disciplines.
La délivrance de la «ceinture noire» ou SHODAN est réglementée en France par les Fédérations d'Aïkido, ce qui n'interdit pas la délivrance de grades au sein de groupes non affiliés à un système fédéral, mais dont la valeur de reconnaissance restera limitée au groupe en question. Le passage des grades DAN est organisé sur une base pluriannuelle dans l'ensemble de la France par l'Union Nationale d'Aïkido devant des jurys officiels composés de façon paritaire de représentants des deux fédérations FFAB et FFAAA, sur la base de critères communs et d'une nomenclature commune des techniques. Vous trouverez les extraits les plus pertinents de la réglementation applicable ci-après sur ce site.
Le passage de grade consiste en général en un examen pratique d'environ 30-45 minutes au cours duquel le candidat «démontre» les techniques demandées sur l'instant par le jury. Comme pour les passages de KYU au sein de son Dojo, l'ensemble des qualités du candidat fait l'objet d'une évaluation. Des intervalles de pratique de durée croissante sont exigés pour la présentation des grades DAN, ce qui fait qu'il est impossible de présenter le grade de 3ème Dan avant d'avoir obtenu celui de 2ème, par exemple.
En aucun cas la détention de grades n'implique une hiérarchie entre les pratiquants. Par contre, le pratiquant plus haut gradé est normalement investi d'une responsabilité particulière vis-à-vis des pratiquants moins gradés auxquels il doit sollicitude pour l'apprentissage. En retour de quoi, il peut faire l'objet de marques de respect particulier, bien que ceci soit également vrai entre plus et moins anciens pratiquants indépendamment du grade obtenu par les personnes.
Si personne ne doit être encouragé à pratiquer l'Aïkido dans le seul but d'obtenir des grades et des titres, en revanche il n'est également pas souhaitable de se désintéresser totalement de la question : comme il est expliqué plus haut, le passage de grade, sa préparation, sont souvent bénéfiques pour le pratiquant soucieux d'améliorer ses techniques et lui fournissent des points de repère et des comparaisons qui peuvent lui être utiles pour se situer à une étape de sa recherche, voire pour l'orienter sur d'autres aspects de sa pratique.
Les grades délivrés en France dans le cadre fédéral sont nécessaires pour l'enseignement de la discipline dans ce pays et le passage du Brevet d'Etat de Professeur. (Voir la rubrique «Brevet» de ce site).
L'Aïkikaï de Tokyo délivre ses propres grades par des examens distincts devant les experts de haut niveau auxquels elle a conféré de telles délégations de pouvoirs (En France : Me N. TAMURA, Me. Ch. TISSIER, Me G. BLAIZE).
Sens et niveau des DAN
Shodan
SHO est le début, ce qui commence.Le corps commence enfin à répondre aux commandements et à reproduire les formes techniques. On commence à saisir une certaine idée de ce qu'est l'Aïkido. Il faut alors s'efforcer de pratiquer ou de démontrer, lentement si nécessaire, mais en s'attachant à la précision et à l'exactitude.
Nidan
Au travail du 1er Dan, on ajoute rapidité et puissance en même temps que l'on démontre une plus grande détermination mentale. Cela s'exprime chez le pratiquant par la sensation d'avoir progressé. Le jury doit ressentir ce progrès en constatant une clarté de la mise en forme et de l'orientation du travail.
Sandan
C'est le début de la compréhension du kokyu ryoku. L'entrée dans la dimension spirituelle de l'Aïkido. La finesse, la précision et l'efficacité technique commencent à se manifester. Il devient alors possible de transmettre ces qualités.
Yondan
A ce niveau techniquement avancé on commence à entrevoir les principes qui régissent les techniques. Il devient possible de conduire plus précisément les pratiquants sur la voie tracée par le fondateur.
Godan
L'art respecte les principes et l'esprit, commençant à se dégager de la forme, ne reste plus prisonnier de l'aspect extérieur de la technique. De nouvelles solutions techniques apparaissent en fonction des situations.
Rokudan
La technique est brillante, le mouvement est fluide et puissant. Il doit s'imposer comme une évidence à celui qui regarde. La puissance et la disponibilité physique comme la limpidité du mental s'unissent sans ambiguïté dans le mouvement et s'expriment aussi dans la vie quotidienne.
Nanadan
L'Etre se débarrasse de ses obscurcissements et apparaît sous sa vraie nature ; il manifeste son vrai soi. Libre de tout attachement, il éprouve la joie de vivre ici et maintenant.
Hachidan
Au-delà de la vie et de la mort l'esprit clair est ouvert, capable d'unifier les contraires, sans ennemi, il ne se bat pas. Sans combat, sans ennemi, il est le vainqueur éternel. Sans entrave il est libre, libre dans sa liberté. O Senseï disait « En face de l'ennemi il suffit que je me tienne debout sans rien de plus ». Sa vision englobe et harmonise la totalité. Mais rien ne s'arrête là. Même l'eau la plus pure peut pourrir dans une mare ; il ne faut jamais oublier l'esprit du débutant accomplissant son premier pas.
Les Examens
Généralités sur les examens :
Bien que le candidat soit censé connaître toutes les techniques réalisables dès le 1er Dan, l'interrogation sera conduite autour des fondamentaux. On respectera pour cela une logique d'interrogation qui n'essaiera pas de piéger le candidat mais qui tentera au contraire de lui donner les moyens de s'exprimer. La conduite de l'interrogation devra permettre au candidat de mettre en valeur sa maîtrise progressive des notions et qualités.
Déroulement et logique de l'interrogation :
Il est souhaitable que les examens de grades Dan se déroulent dans l'ordre suivant des formes de travail :
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Suwariwaza
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Hanmihandachi
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Tachiwaza - saisies
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Tachiwaza - frappes
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Ushirowaza
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Bukiwaza
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Randoriwaza (taninzu gake)
Il est déconseillé d'avoir un mode d'interrogation anarchique quant aux choix des formes d'attaques. Jiyuwaza (techniques libres) est un mode d'interrogation : il est utilisable à n'importe quel moment en complément des demandes spécifiques. Une interrogation respectant les conseils précédents puisera en priorité parmi les techniques suivantes